Adrien Délèze, vendredi 31.05.19, 21:01, Le Nouvelliste
L’entrepreneur chablaisien avait sauvé le club de la faillite la saison dernière. Il a désormais décidé de se retirer de toute fonction au sein de la direction des Sangliers.
Après avoir sauvé de la faillite le BBC Monthey-Chablais la saison dernière, en s’engageant physiquement et financièrement, Régis Udressy a décidé de se retirer. Le mécène des Sangliers a annoncé sa décision vendredi soir, une décision qui pourrait avoir de grandes influences sur l’avenir du club chablaisien à court et à moyen termes.
Régis Udressy, pourquoi prendre une décision aussi radicale?
J’avais promis, lorsque je me suis engagé pour éviter la faillite du club, que je disparaîtrais quand il serait de nouveau sur de bons rails. Cela n’a pas été possible en juin de l’année passée et j’en ai finalement fait plus que ce que j’avais annoncé. Il est désormais temps que je laisse ma place pour que les autres membres du comité puissent prendre les choses en main. Car je conçois qu’il était difficile pour le président de tenir son rôle tant que j’étais présent. Je suis un chef d’entreprise dans l’âme et je prends trop de place.
Vous quittez le comité de soutien du club et votre statut de sponsor principal une année après avoir sauvé le BBC Monthey de la faillite. Le timing peut surprendre, non?
Je n’ai ni d’enfant actif au sein du club ni une passion débordante pour le basket, j’ai fait tout cela par amitié. Je suis un entrepreneur qui gère plusieurs sociétés et je n’ai malheureusement pas le temps de m’investir au quotidien pour le BBC Monthey.
N’est-ce pas tout de même un crève-cœur que de devoir prendre cette décision?
Je le vis mal, c’est certain. J’avais vraiment l’impression d’être pris en otage ces dernières semaines.
« Le montant que j’ai investi ces deux dernières saisons correspond à celui que verserait un tout gros sponsor sur vingt ans. » RÉGIS UDRESSY, ANCIEN MÉCÈNE DU BBC MONTHEY
Le BBC Monthey-Chablais pourra-t-il survivre sans l’apport financier de son mécène?
Le club a reçu son autorisation de jouer en LNA la saison prochaine depuis le mois d’avril. Il possède désormais une villa pour loger ses joueurs, un espace VIP qui fonctionne à merveille, un système de ticketing, des places réservées pour ses sponsors et ses abonnés et il est même en avance de 30 000 francs dans le paiement de la LPP. En plus de tout ça, aucun contrat n’a été signé pour la saison prochaine. Le comité se retrouve donc devant une belle page blanche.
Une page blanche qui sera cependant plus difficile à colorer sans votre soutien financier…
Métaphoriquement parlant, j’ai sauvé un enfant de la noyade, je l’ai réanimé, je lui ai trouvé une maison, acheté une voiture et payé des études. Pour lui offrir un jet privé, je laisse la place aux autres. Après tout, cela ne fait que cinq saisons que je m’engage financièrement pour le BBC Monthey, celui-ci a existé avant moi et il continuera de le faire après moi.
A combien se chiffre votre engagement financier auprès du club sur ces deux dernières saisons?
Disons que le montant correspond à celui qu’un tout gros sponsor verserait sur vingt ans.
Maintiendrez-vous cependant un effort de sponsoring pour le BBC Monthey-Chablais?
Si le comité a besoin de voitures pour ses joueurs la saison prochaine, je ne lui fermerai pas les portes. Mais je ne veux plus dépenser autant d’argent pour la fédération suisse de basket. Je vais continuer de soutenir les clubs de ma région, mais de manière plus raisonnable.
Vous pointez du doigt SwissBasketball. Tenez-vous la fédération pour responsable de votre départ?
J’ai noté un manque de soutien important de la fédération envers les clubs. Je conserve de la rancœur, notamment au niveau de l’impartialité de l’arbitrage. Pour ne citer qu’un exemple, Jo Wright a écopé d’une faute technique pour simulation lors de son dernier match avec nous, alors que deux jours tard, il se faisait opérer du ménisque.
« Je ne nie pas que mon absence va laisser un vide, mais je ne pars pas sans laisser de solutions au comité. »RÉGIS UDRESSY, ANCIEN MÉCÈNE DU BBC MONTHEY
Mais ces reproches envers la fédération ne sont pas les seules raisons qui justifient votre départ?
Je regrette également le manque d’engouement populaire. Avec toute l’énergie que j’ai mise dans ce club, j’avoue avoir été irritable. J’avais notamment l’impression que les autorités communales nous abandonnaient aussi. Mais en réalité, elles ont fait beaucoup d’efforts et je les en remercie. Comme je remercie d’ailleurs Patrick Pembele et Ciccio Grigioni. Sans eux, nous n’aurions pas eu cette réussite sportive cette saison.
Votre départ ne risque-t-il pas d’engendrer un bouleversement au niveau des autres sponsors et de l’engagement des bénévoles?
Nos sponsors ont été chouchoutés cette saison. Je doute qu’ils se désengagent financièrement. Au niveau des bénévoles, un certain nombre d’entre eux s’étaient engagés avec moi dans cette aventure et ils me suivront dans la prochaine. Mais un club comme Monthey, qui sort d’une belle saison, doit être en mesure de trouver des bénévoles parmi les 40 000 personnes de la région. Le seul départ annoncé est celui de ma fille Julia. Elle est contrainte de partir avec moi car elle travaille dans le même bureau que moi et si elle devait maintenir son engagement au sein du club, je ne parviendrais pas à me désengager totalement de la gestion du club.
Quel sera l’avenir du BBC Monthey-Chablais sans votre soutien financier et votre engagement bénévole?
Je ne nie pas que mon absence va laisser un vide, mais je ne pars pas sans laisser des solutions au comité. Plusieurs voies s’offrent d’ailleurs à lui. Un sponsor important pourrait être d’accord de s’investir au sein du club et de mettre en place un centre de formation à Monthey. L’autre solution pourrait être d’envisager la fusion avec un autre club de la région ou alors d’accepter de redescendre en LNB pour une ou deux saisons. Cela permettrait au club de faire de la réserve financière et au comité de prendre gentiment ses marques.
Et vous, qu’allez-vous faire désormais?
Il y a quatre ans, j’ai acheté une parcelle pour construire ma maison familiale, mais les choses ont traîné à cause de mon engagement pour certaines personnes en difficulté. Je veux mener à bien ce projet, m’occuper des miens qui se sont beaucoup engagés pour moi et pour le BBC Monthey, notamment ma femme, Jenny. J’aspire désormais à vivre une nouvelle aventure et à laisser un peu de répit à ma famille, à mes amis et à mes ouvriers.
YANNICK BUTTET NE VEUT PAS BAISSER LES BRAS
«Je suis déçu que Régis jette l’éponge, mais je peux comprendre sa fatigue.» Arrivé dans le fauteuil de président du BBC Monthey-Chablais l’été dernier, Yannick Buttet doit faire face à un bouleversement majeur au sein de son club. «J’espère qu’il restera tout de même un sponsor conséquent à l’avenir.» Sans cet engagement, les Sangliers devront sûrement revoir leurs ambitions à la baisse en vue de la saison prochaine. «Il n’y a pas de tabou à l’heure actuelle, même une descente en LNB fait partie des options. Mais nous avons besoin de mettre tout à plat avec le comité avant de prendre une décision. Ce qui est certain, c’est que nous n’allons pas baisser les bras, bien au contraire.»